Les lieux de culte protestants subissent des pressions visant à les faire rejoindre l’Église des Trois-Autonomies approuvée par l’État et se soumettre de ce fait au contrôle des autorités. Les églises rebelles subissent de terribles conséquences.
Tang Zhe
Depuis l’entrée en vigueur de la nouvelle Réglementation sur les affaires religieuses en février 2018, les autorités chinoises tentent de freiner l’essor du christianisme en demandant aux églises protestantes de maison de rejoindre l’Église des Trois-Autonomies ; celles qui refusent d’obtempérer sont fermées.
Au mois de février de cette année, les autorités locales ont perquisitionné une église de maison dans la ville de Yuncheng dans la province septentrionale chinoise du Shanxi, suite au refus des responsables de cette église de rejoindre l’Église des Trois-Autonomies. Les membres de la congrégation ont relaté à Bitter Winter que depuis l’année dernière, les autorités ont régulièrement effectué des descentes à l’église afin de faire pression pour qu’elle « devienne officielle ». Comme moyen de pression, les autorités ont installé des caméras de surveillance à l’entrée de l’église dans le but de surveiller leurs rassemblements.
Le 21 février 2019, les autorités locales se sont associées à la police et ont engagé des villageois pour forcer la serrure du portail de l’église. Ils ont ensuite emporté tous les meubles et affiches religieuses, ainsi que la croix qui surplombait le lutrin.
Deux jours avant la descente, des agents de l’administration ont effectué une descente à l’église et ont ordonné l’arrêt des rassemblements. L’un de ces agents a menacé les chrétiens en leur disant que : « Si vous persistez à vous réunir ici, vous vous verrez retirer immédiatement vos prestations sociales ».
Quelques semaines après, les autorités ont fermé l’église de maison de la Grande louange située dans le district de Tieshan de la ville de Huangshi dans la province centrale chinoise du Hubei, lui reprochant aussi d’avoir refusé de rejoindre le Mouvement patriotique des Trois-Autonomies.
Le 19 mars, le responsable du Département du travail du Front uni (DTFU) du district de Tieshan a ordonné au propriétaire de l’immeuble de résilier le bail de l’église en déclarant que toute église de maison non approuvée par le DTFU était une congrégation illégale et qu’il était également illégal de leur louer des espaces.
Sous la pression des autorités, le propriétaire était obligé de demander au responsable de l’église de libérer immédiatement les lieux alors même que le bail courait encore.
Trois jours plus tard, les agents du DTFU ont une fois de plus fait pression sur le propriétaire, lui donnant un délai de deux jours pour reprendre possession de l’immeuble et évacuer tous les biens des églises. Cet après-midi-là, la congrégation a été contrainte de fermer et de déménager.
Le responsable du DTFU du district a prévenu le responsable de l’église de ne pas chercher un nouveau lieu de rassemblement sans en avoir obtenu l’autorisation des autorités et lui a fait comprendre que s’ils voulaient à nouveau se rassembler, ils devraient rejoindre l’Église des Trois-Autonomies, se soumettre à la gestion centralisée des autorités et adapter leurs prêches aux exigences du DTFU. Il lui a aussi fait savoir que pour continuer de croire en Dieu, ils doivent d’abord croire en l’État et au Parti.
Les croyants ont rejeté cela et ont commencé à se rencontrer secrètement en groupuscules pour prier.
Un des fidèles de l’église a déclaré : « À l’heure où je vous parle, nous faisons l’objet d’un contrôle et d’une surveillance intenses. Le christianisme est en cours de “ sinisation ”, nous ne devons croire qu’au marxisme-léninisme. Tous les indociles seront traités de la même manière qu’à l’époque de la révolution culturelle ».